Laugavegur

55 km de marche au milieu de l’Islande.



7h30, on embarque dans un bus un peu destroy, un peu tout terrain. Celui ci doit nous amener au départ du fameux trek du Laugavegur. Le pitch de la rando c’est des paysages incroyables, des couleurs qu’on ne voit pas ailleurs, le tout dans du froid, du vent et la pluie avec 17kg sur le dos.

Au bout de quelques heures de route, on passe sur une piste qui contourne le volcan Hekla. A ce moment le paysage devient sacrément lugubre. Nous avançons sous une bruine fine, le sol est noir, les roches volcaniques qui en émergent le sont tout autant et pour couronner le tout le brouillard couvre la zone. On nous explique à ce moment que ce volcan est un des plus dévastateur d’Islande, qu’il est particulièrement actif et surveillé et qu’il est actuellement interdit d’aller s’y promener.



Puis du vert apparait petit à petit sur les reliefs qui encadrent la piste et le brouillard se lève un peu. Le camp de départ se rapproche.  On commence à en prendre un peu plein les yeux. C’est beau, même sous les nuages.




Au départ, on a donc plusieurs scénarios en tête en fonction du temps. Cumuler deux étapes le deuxième jour afin de profiter d’une fenêtre météo qui semblait bonne pour le quatrième jour et rejoindre Skogar. S’arrêter à Porsmork en cas de mauvais temps sur la dernière partie. Bilan, la fenêtre météo n’en était pas vraiment une mais on doublera quand même les étapes dans la seconde journée.

Nous feront donc les 55km du trek en trois étapes: samedi 12km,  27km dimanche et lundi 16km.




Les permiers km nous donnent déjà une petite claque visuelle. On en profite pour manger un peu avant de commencer la petite ascension vers le refuge. Ascension qui va représenter la majeure partie de cette première journée de marche.

Le chemin passe au milieu de fumeroles et d’odeur de souffre encadré par des barrières de roches volcaniques. En passant la première crête on peut voir derrière nous plusieurs sommets, les restes d’un champ de lave et des fumeroles un peu partout. Pour parler simplement c’est assez grandiose, et ce n’est que le début.

Une fois ces premières crêtes passées, le chemin bifurque et les randonneurs se font un peu moins nombreux. Le paysage reste assez incroyable, les couleurs sont un peu folles. A ce moment on a le droit à quelques rayons de soleil et certaines faces prennent alors de jolis contrastes.



Passé cette zone on débouche sur un plateau qui avoisine les 1000m d’altitude. On chemine entre les névés, le vent souffle un peu plus fort et les nuages ne sont pas très loin. Dernier plateau, on passe un grand névé, puis c’est la ligne droite vers le premier refuge. On trouve un emplacement, on plante la tente, le brouillard tombe, le vent se lève. Au moment de réchauffer un peu de riz pour le diner l’eau sur nos bonnets gèle un peu.
On ne traine pas trop dehors, 27km nous attendent le lendemain et il s’est mis à pleuvoir.






Au matin le brouillard s’est levé, la pluie s’est à peu près arrêtée. On plie la tente, on fait les sacs et on démarre. C’est partie pour une bonne journée de marche: 27km, en perdant 400m d’altitude au passage. La rando commence par une grande ligne droite sur un plateau vallonné. On voit le chemin disparaitre derrière des petites buttes pour mieux réapparaitre un peu plus loin. On marche sur une sorte de sable, entouré de névés et de mousse. C’est encore relativement très beau. Pendant toute la journée on aura droit à un bon vent de travers, ce qui fait avancer quand ça t’emporte pas.


Au moment de quitter ce grand plateau, on traverse une dernière grande zone de sources chaudes, ça sent le souffre, il y a de la vapeur d’eau de partout et on marche dans une sorte de glaise qui s’amasse sous nos chaussures. Il y a un côté assez cinématographique à tout ces paysages. Le genre de moment où arrivant devant un nouveau panorama, tu t’imagines ce genre de bande son.



Lors qu’on passe cette zone, on se retrouve devant ce paysage (ci-dessous). C’est relativement grandiose, le refuge qui marque la mi-journée se situe au niveau du lac qu’on peut voir en haut à gauche. C’est le moment où on se dit qu’on devait y être dans une heure. En réalité il nous faudra deux heures de marche et un rivière à passer à gué. Inutile de préciser que dans ces cas là ce n’est pas une source d’eau chaude.


Pause de midi à 14h, encore 12km à parcourir. On mange un bout, je range mon appareil photo dans mon sac. Les 2 kg du boitier qui pendent autour de mon cou commencent à se faire sentir. Le reste du parcours est plus simple. Il nous faut traverser deux rivières – dont une glacière, arrivant jusqu’à mi-cuisse, c’était marrant (et froid) – et traverser une longue plaine de sable.

Le chemin poursuit donc sur la gauche de la montagne ci-dessus, après avoir passé les rivières, on entame cette grande plaine de sable. Le sol est noir, parsemé de petites fleurs. de chaque coté des petites montages aux flancs plus ou moins verts nous encadrent (c’est beau). Après plusieurs kilomètres le chemin passe entre deux petites élévations, en se retournant on peut apercevoir la plaine que nous venons de traverser, immense et sombre. Dans cette passe le vent transporte pas mal de sable avec lui. On ne traine pas.

On arrive alors dans une nouvelle plaine de sable noir. Le chemin part tout droit jusqu’à l’horizon. Le poids des sacs commence un peu à se faire sentir mais le refuge du soir est normalement derrière cette ligne d’horizon. Enfin un peu après.

Après trois ou quatre moments où on se dit qu’on va finir par voir ce satané refuge et fait non, on finit par arriver à ce dernier virage. Au loin un glacier immense dont le blanc contraste avec le sol noir qui nous a accompagné pendant la moitié de la journée. Je reprends alors l’appareil pour prendre une dernière photo.




Le vent a soufflé toute la nuit et le sable s’est infiltré un peu partout. Première observation, la tente est solide, seconde observation, se prendre du sable sur la tête pendant la nuit c’est pas super agréable.

Au programme de la journée, 16km (les derniers), en perdant 400m d’altitude. La première partie du chemin est dans la lignée des 10 derniers km de la veille : du sable, quelques herbes et de la mousse. Au fond on devine entre les nuages le grand glacier Mýrdalsjökull que l’on va longer tout au long de la journée.

En quittant le refuge, un panneau nous explique les réflexes à adopter en cas d’éruption volcanique. Un volcan se cache sous le glacier, et l’Eyjafjallajökull est pas loin non plus. D’ailleurs, en raison d’une éruption récente, le chemin commence par faire un grand détour, nous amenant à franchir une rivière (ci-dessus et ci-dessous), avant de pouvoir tracer tout droit vers Þórsmörk.



En ce début d’étape nous sommes nombreux sur le chemin. Beaucoup de groupes accompagnés dont les sacs lourds sont convoyés par 4×4 entre les refuges. Ils marchent donc d’un pas léger et les doubler avec un chargement sur le dos est à la fois pénible (le chemin n’est pas fait pour) et bon pour mon égo de marcheur alpin. « ohoh je les ai bien eu ces touristes » se disait ainsi le marcheur tout autant touriste que je suis.

Petit à petit le terrain change, le sable noir laisse place à d’avantage d’herbe. Le chemin descend doucement dans la vallée. On traverse un dernier champ de lave figé, puis après un virage on se retrouve face un végétal inédit : des arbres. Des petits arbres, mais des arbres quand même. On fait une petite pause avant d’entamer l’ascension de la dernière colline.

Se retrouver à marcher entre quelques arbres était un moment assez particulier. Après trois jours où rien ne dépasse de plus de 30 cm du sol, se retrouver face à quelques arbres fait du bien. A ce moment il tombe une fine bruine et je ne sais pas si c’est le fait de savoir que nous étions presque au bout du chemin, ou simplement le fait d’être dans l’herbe, non loin d’un ruisseau tranquille, mais j’étais bien.

On traverse une dernière rivière à pied, tout aussi froide que les autres, puis on chemine tranquillement entre les arbres sur un chemin de terre. Þórsmörk est annoncé à quelques kilomètres. Le soleil et la pluie jouent des coudes. Lorsque nous arrivons au refuge une averse prend fin. Non loin un panneau indique Landmannalaugar à 55km.

Il fera beau tout le reste de l’après-midi. En attendant le bus au soleil, on savoure un bon gros plat de pâtes aux sardines. Inutile de dire que c’était un des meilleurs moment des vacances.


Guillaume Langlais - 2024